Gérer : c’est aussi avoir une vision globale

Qu’il s’agisse des produits ou des charges, la priorité est de disposer d’indicateurs concrets et faciles à mettre à jour régulièrement pour suivre son entreprise (au mois, à la semaine…). Généralement, vous disposez d’indicateurs annuels, pour lesquels nous constatons depuis des années des écarts très importants entre élevages, concernant notamment le prix du lait, les coûts alimentaires…

La plupart du temps, quand les éleveurs analysent leurs résultats annuels (gestion, marge) avec leurs conseillers, l’exercice est déjà terminé au mieux depuis 3 à 4 mois ; par conséquent les dés sont déjà jetés pour la campagne suivante. Il est très difficile dans ces conditions de tenir la barre. Il est donc nécessaire d’être pro actif sur ce sujet !

La construction de ce bilan portera sur chacun des 8 domaines suivants :

1. L’humain 

L’humain est trop souvent vu comme un des moyens pour produire, et j’y reviendrai dans la partie « organisation du travail ». Pour autant, chacun dans l’entreprise,  dirigeant(s), cadres, membres des équipes de « production » a des valeurs, des motivations, des objectifs propres voire personnels. Il est donc intéressant de faire le point sur ce sujet afin de permettre à chacun d’adhérer au projet d’entreprise, de participer à la vie de celle-ci, d’apporter sa part à la construction collective. Ce travail peut éventuellement contribuer à construire un socle utilisé dans le cadre de la recherche de nouvelles recrues.

2. La production

À ce niveau, on évalue la production de l’entreprise en s’attardant sur des notions de quantité et de tarifs, sans oublier de  faire apparaître des indicateurs précis, comparables, et mesurables dans le temps.

3. La gestion

Cette partie est proche de l’analyse de la production mais porte particulièrement sur la maîtrise des charges de l’entreprise. Les soldes intermédiaires de gestion seront analysés, ainsi que la trésorerie. A partir de ces éléments, il sera primordial de se caler des objectifs chiffrés, facilement et régulièrement calculés, confrontés et recadrés si nécessaire.

4. L’organisation du travail et la gestion de la ressource humaine

Ce domaine comporte beaucoup de thématiques :

      • La première étape consiste à analyser qui fait quoi et quand, sans oublier de se pencher sur les interactions entre les personnes.
      • Se pencher sur l’organisation et la planification du travail qui nécessitent de l’anticipation afin d’éviter les pertes de temps. Nous le savons tous : «  un travail bien organisé est à moitié fait ! ».
      • Etudier les compétences et les limites de chacun, les formations éventuelles à prévoir, sans oublier les savoirs faire, et le savoir être.
      • Observer l’engagement de chacun dans ce qu’il à faire, ce qui lui plait le plus et le moins…
      • Vérifier la cohérence et l’application des règles : toute organisation collective demande de la synchronisation, il est donc important de mettre en place un minimum de règles et de les respecter.
      • Evaluer le cadre de vie au travail

 5. La communication

C’est un axe primordial pour que la vie circule dans l’entreprise, comme la sève dans une plante :

      • Cela concerne la manière dont nous nous parlons dans l’entreprise : là encore nous avons besoin de savoir-être,
      • Quelle est la fréquence, la richesse, le lieu de nos échanges ?
      • Avons-nous des outils partagés : tableaux de bord, outils et supports informatiques partagés,… ?
      • Comment analysons-nous la qualité de la transmission de l’information ? récemment, un responsable d’entreprise me faisait part de ses difficultés d’organisation et de réalisation du travail lors des départs en congés ou pour gérer les arrêts maladies. Il est nécessaire de disposer d’un minimum de protocoles, d’informations, d’écrits…
      • Il convient de faire vivre la communication afin qu’elle soit un carrefour pour croiser les visions de chaque partie prenante de l’entreprise : parler des réussites, des difficultés, de ce qui change autour de nous et de ce qui va changer pour l’entreprise sur la production, les charges, l’organisation de travail, l’environnement, les projets…

6. La règlementation

Toute entreprise est tenue de respecter des règles : soit spécifiques à son domaine de production, soit sur la réglementation du travail, administratives ou encore comptables ou fiscales, …

7. L’environnement

Les orientations prises, les changements mis en place, les productions réalisées ont un impact sur notre environnement :

      • nos fournisseurs
      • nos clients
      • l’administration
      • nos voisins
      • nos concurrents
      • la commune

 8. Les projets

L’absence de projet peut être redoutable pour l’engagement de tous dans l’entreprise. Récemment en accompagnement, un chef d’entreprise me disait ne pas comprendre pourquoi sont équipe (12 salariés) n’était plus impliquée autant qu’avant. En explorant les changements depuis 15 ans, nous avons mis en évidence qu’après une période de forte croissance, riche en nouveautés et en motivation de cette même équipe, il n’y avait plus aujourd‘hui de projet.  Quand nous sommes dans cette situation, nous savons moins pourquoi nous nous levons le matin !

Et derrière la notion de projet, il ne faut pas toujours entendre agrandissement ou grands travaux, il peut s’agir tout simplement d’améliorer les conditions de travail ou le cadre de vie dans lequel on travaille.

Pour finir, ce point annuel vous permettra d’avoir une vision plus objective : du fonctionnement globale de votre entreprise,  des opportunités possibles, des menaces éventuelles. Vous pourrez ainsi prendre les orientations souhaitables en calant des objectifs appropriés.

La réussite de cet exercice dépendra de votre capacité à être le plus factuel possible. Car remarquer que l’on ne communique pas correctement, par exemple, n’est pas suffisant, il est plus important de préciser quelle est la fréquence de votre communication, la durée ou la longueur de la communication réalisée, de quoi on parle, de quoi on ne parle pas…

Souhaiter améliorer la situation économique de son entreprise ou avoir le plus beau projet du monde ne suffiront pas si la communication, ou encore l’organisation du travail font défaut ; ou pire si les valeurs, les motivations ne permettent pas à chacun de partager et de porter le projet. A ce stade vous pouvez observer l’importance de chacun des domaines et leur interdépendance.

Un accompagnement extérieur peut être judicieux pour fluidifier et faciliter ce  travail d’analyse de son propre fonctionnement, de plus il sera en capacité de vous apporter un œil extérieur.

Vous voulez en parler ?  Contactez moi !

Daniel Harlet

Coach, formateur, accompagnateur et conseiller d’entreprise.